LXXIV HYMNE POUR LA FETE DE ST ANTOINE ABBE « Vends tous tes biens ! Donne l’argent aux pauvres ! Et puis, suis-moi ! Tu seras mon apôtre ! » … Mais l’homme riche a passé son chemin. (C’est pourtant vrai que raide est l’Evangile.) Mais qui dirait qu’ Antoine se défile ? Sa foi n’est pas remise au lendemain. A cette foi convient la solitude : Des biens du monde Antoine se dénude ; Il s’en va, pauvre, au pire des déserts, Vivre sans rien, si ce n’est la prière, Et, s’il entend que coule une rivière, C’est dans son cœur, l’onde d’un Dieu disert. Le diable aussi profite du silence : Des mots fleuris cachent sa pestilence Mais son mensonge est grognement de porc [1] ; Et quand prend fin l’ignoble répertoire : « Dieu, où es-Tu ? – Je prise ta victoire [2] Sur l’ouvrier de l’éternelle mort.» L’anachorète a quitté son arène [3] Il vient en ville où sévissait la haine, Risquer sa vie pour les persécutés [4] , Puis au désert de nouveau se retire : Sa sa